Ainsi est née l'Adamas
Aucun effort délibéré n'est
nécessaire à l'oreille pour intégrer des milliers de pulsations dans une
galaxie de sonorités. Nous pouvons apprécier le phénomène mais nous ne
sommes pas vraiment capables d'en rationaliser la beauté. Dès que l'on peut
reconnaître qu'un son est agréable, il ne semble pas très important de le
disséquer pour l'analyser.
Pendant des siècles, les
luthiers ont secrètement souhaité pouvoir anticiper le son et la
personnalité qu'ils allaient obtenir de leur instrument. Et leur travail est
d'un niveau artistique Indéniable.
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Quelques personnes de la
compagnie Kaman ont eu l'opportunité de réaliser ce vieux rêve: savoir
comment sonnerait l'instrument avant même qu'il soit construit, cela grâce à
l'application de technologies aérospatiales avancées à l'acoustique
traditionnelle. Ainsi, ils furent en mesure de raffiner et même de créer de
nouveaux standards de beauté et de puissance que les luthiers rêvaient
d'atteindre sans vraiment le pouvoir. Les découvertes de l'équipe Kaman ont
permis de déboucher sur des matériaux nouveaux.
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La table de l'Adamas
L'histoire commença réellement
en 1972, au cours d'une discussion entre ingénieurs sur les mérites des
fibres de graphite, comme par exemple un poids minimum pour une solidité
maximum. "S'il était possible de fabriquer une table d'harmonie dans ce
matériau, elle serait si fine et si solide que le potentiel d'amélioration
des vibrations de surface et de leur contrôle seraient incommensurables..."
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Le travail laborieux commença
donc. Les chercheurs et les laboratoires étant disponibles sur place, ainsi
que les métallurgistes, toutes les conditions nécessaires à une application
directe et immédiate "et donc une flexibilité totale dans l'attitude à
adopter en cas de problème" étaient réunies.
Le graphite de carbone
(appelons-le ainsi), qui a un grain proche de celui du bois, en est un
premier exemple. Ils en ont été les premiers utilisateurs pour un instrument
de musique. Conservé très basse température, il a une densité supérieure au
titanium, est dur comme de l'acier et pèse moitié moins que l'aluminium. Ce
résultat est obtenu à partir de fibres organiques portées à 400 degrés dans
une atmosphère purgée assez longtemps pour éliminer tous les composants non
organiques (traitement par oxydation partielle). Le matériau obtenu est
alors élevé à des températures variant de 1900 à 2600 degrés Celsius, sous
atmosphère inerte, pendant plusieurs semaines jusqu'à ce que les conditions
requises pour le développement d'une forme cristalline du carbone soient
satisfaisantes. Les fibres émergent avec une structure bien orientée qui
leur donne une résistance aux très fortes tensions. Les propriétés
acoustiques sont dérives de cette structure. Les fibres sont ensuite
couchées dans une résine pour former le matériau de base (appelé Fibronic).
Ce procédé, utilisé pour les
engins supersoniques, étant d'un coût très élevé, il n'a pu être appliqué au
monde de la guitare que depuis quelques années. La structure finale consiste
en deux épaisseurs de graphite de carbone (1/10 mm chacune) prenant en
sandwich une mince feuille de bois de 8/10 mm. Malgré la faible épaisseur
totale ( l mm), la solidité de la table est plusieurs fois supérieure à
celle d'une table en épicéa massif AAA, tout en tant plus flexible de 25 %.
Sous la tension des cordes, elle réagit comme une peau de fût de batterie.
Le nom Adamas est la traduction latine du mot "diamant ", à cause de la
relation entre la façon dont naît un diamant (cristallisation de carbone
pur) et celle dont est obtenu le matériau servant à la construction de notre
instrument.
La combinaison de fibres
unidirectionnelles de graphite et la possibilité de faire varier la
direction des fibres de la feuille de bouleau (choisi pour sa rigidité)
utilise au milieu du sandwich, ont permis de favoriser les hautes
harmoniques sans compromettre les basses et les médiums. Sur les modèles en
production, l'angle fibres du bois/fibres de carbone a été fixé à 60 degrés
(ainsi, aucune séparation longitudinale ne peut affecter la table). Les
fibres de carbone contribuent également à l'amélioration des qualités
tonales de la guitare.
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Les Épaulettes remplacent
la Rosace
En recherchant l'amélioration
de la solidité de la table d'harmonie, il apparut évident que la rosace
traditionnelle, énorme trou béant pratiqué en son milieu, contribue à une
faiblesse fondamentale de la guitare, même si elle est compensée par un
système de renfort intérieur plus ou moins efficace ( à ne pas confondre
avec un barrage). En tout état de cause, ces renforts pénalisent le son de
l'instrument. Il fut donc décidé de transférer la rosace vers l'extrémité
supérieure de la table, là où la structure est naturellement plus rigide
(proximité du bloc du manche et éclisses plus rapproches). La surface
globale originale de la rosace fut divisée en deux moitiés chacune,
elles-mêmes réparties sur onze trous de tailles différentes. Ce nouveau
concept privilégie le respect de l'intégrité de la table en tant que
membrane vibratoire, tout en permettant l'utilisation d'un nouveau système
de barrage acoustique directionnel conçu pour véhiculer le son plutôt que
pour pallier les faiblesses structurelles. Le programme Adamas a coûté plus
d'un million de dollars en recherches, essais et applications.
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L'Adamas I un modèle
privilégié
Le poids de chaque élément du
barrage est rigoureusement contrôlé. Chaque pièce a été étudie pour
atteindre le but de+ou3 dB sur la totalité du spectre tonal. Le contrôle
porte sur des différences ne dépassant pas le 1/10 de gramme.
Vingt-six prototypes furent
construits. Les premières guitares "finies" furent offertes aux artistes
ayant directement participé au développement sur les prototypes :
Glen Campbell(n°27),
Jim Messina
(n°32) et Marcel Dadi(n°37).
Les autres furent conservées par
Charlie Kaman
pour étudier leur comportement, et ont servi l'amélioration du modèle.
Les fréquences fondamentales
des guitares de Jim
Messina et de
Marcel Dadi
sont de 88 cycles. Celle de
Glen Campbell
de 92 cycles(pour moins de basses). L'avance technologique de l'Adamas est
phénoménale. La fréquence fondamentale peut être garantie pour 89 cycles. La
variation de + ou - 3dB sur toute la longueur du spectre est dans les normes
des meilleurs appareils de prise de son actuels. Chaque guitare voit sa
sonorité équilibre en laboratoire avant montage définitif. Les mesures sont
électroniques, mais aussi mécaniques pour atteindre les meilleurs résultats.
Aujourd'hui, tous les modèles
de la gamme bénéficient de nombreuses avances techniques développes lors des
recherches sur l'Adamas I.
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