Biographie
Le personnageSon public, aujourd'hui de tout âge, visiblement connaisseur, est en deuil car lorsqu'il se déplaçait pour aller à ses concerts, il ne regrettait pas de lui consacrer une soirée. Car outre sa fantastique virtuosité, il possédait un don rare : l'humour. Toujours pince-sans-rire, il entretenait avec son public des rapports privilégiés. Seul sur scène, il se racontait entre deux morceaux, expliquait et maniait l'humour et l'autodérision. Chez un certain nombre d'artistes, ce genre de digression est souvent à la limite du supportable. Là c'est tout le contraire : on en redemandait encore et toujours. Sa renommée a largement dépassé nos frontières puisque ses disques sont sortis aux U.S.A, en Angleterre, en Allemagne, en Afrique du Sud, en Espagne, en Italie, en Israël, etc. Lorsqu'il revenait de Nashville, ce funeste 17 juillet1996, il avait reçu la consécration de sa carrière en étant le seul artiste français à recevoir une étoile sur l'allée des stars aux côtés de Merle Travis , Doc Watson , Chet Atkins , et bien d'autres aussi prestigieux. Sûr qu'il doit "jammer" avec certains d'entre eux maintenant. Il nous reste quant à nous, ses disques et la mémoire d'un homme au parcours atypique. |
Son HistoireMarcel DADI est né à Sousse en Tunisie. Le 20 août 1951, il n'a que trois ans lorsque ses parents reviennent en France habiter dans la région parisienne. A dix ans il commence à grattouiller la six cordes de son frère Michel qui avait fondé les "Hornets", après les "Crackers" dissout faute d'instruments. Pour faire bonne mesure, Marcel rassemble deux ans plus tard une bande de copains de la banlieue sud de Paris ( André A SSOULINE , Joseph ILLOUZ , et Maurice LEVY ) pour exécuter les morceaux des SHADOWS . A douze ans, Marcel joue pour la première fois sur scène avec une électrique rafistolée sous le chapiteau Kiravi (nom des vins) . Instant suprême, sa formation est primée malgré le passage du groupe de son frère qui jouait pourtant mieux qu'eux, les morceaux des SHADOWS. Puis vint la vague du Rock'n Roll, il délaisse la musique instrumentale pour emprunter les répertoires des BEATLES, des KINKS, des STONES et autres YARDBIRDS . Pour la petite histoire, il décortique déjà les plans de McCARTNEY , Brian JONES et CLAPTON . Ce dernier fut bien étonné de trouver un fin connaisseur de sa technique lorsqu'il séjourna quelques années plus tard chez Marcel.. Parallèlement, il découvre un autre style particulier, le Folk, incarné par HUGUES AUFFRAY , chantant son ami Bob DYLAN. Tout ce mélange va trouver sa convergence avec la rencontre de Bernard PHOTZER . Bernard PHOTZER est sans doute le premier guitariste pro qu'il croisa. Il jouait au Club des Chemises Rouges à Orly. |
Son matériel faisait rêver Marcel, pensez donc, une Jazzmaster branchée sur un Vox!! Il jouait du style Nashville et pour la première fois Marcel voyait sortir des dons fantastiques en tirant les cordes avec sa main gauche. C'est PHOTZER qui le premier lui enseigna les techniques et le répertoire d'Elvis ainsi que les premières techniques du Picking . Après avoir joué du Rock'n'Roll pur et dur, Bernard devint le soliste de HUGUES AUFFRAY et ils se perdirent de vue petit à petit. L'histoire fait des clins d'oeil assez savoureux dans le milieu de la musique car Bernard qui a toujours une longueur d'avance sur les guitaristes, va jouer un rôle décisif sur l'orientation musicale de Marcel. Marcel rencontra Bernard LAUX vers treize ans. Avec lui, il découvrit le style de DYLAN, et tenta de reproduire les sons de banjo de Harry ( un américain) qui jouait avec Hugues AUFFRAY . C'est également Bernard LAUX qui lui expliqua qu'un artiste américain produisait à la fois les basses et la mélodie dans ses morceaux. Cet inconnu s'appelait Chet ATKINS !!! Pour étayer sa démonstration il lui joua un titre enseigné par un certain.... Bernard PHOTZER . Pour satisfaire son ami, Bernard L. enregistra un jour, sur un magnétophone quelques titres de Chet ATKINS parmi les albums qu'il possédait. Immédiatement séduit séduit par le jeu de ce grand guitariste, Marcel s'attache pendant des mois à reproduire tous les détails des enregistrements. Ce fut pour Marcel une véritable révélation et une passion qui le tenaillera jusqu'à sa tragique disparition. |
Cette passion se transformera en véritable obsession lorsque PHOTZER lui fit découvrir, deux ans plus tard, tour à tour: Merle TRAVIS , Doc WATSON , Jerry REED . Bernard P. lui céda même pour la somme symbolique de cent francs (à crédit) toute sa collection en disant: "tu en feras meilleur usage que moi". Marcel allait sur ses seize ans. Il était déjà un instrumentiste confirmé et un compositeur de talent. La route du succès s'ouvre à lui. En 1970, l'année de son Bac, Marcel joue au Hoonanny de Lionel ROCHEMAN au Centre américain sur une Martin fraîchement et durement acquise. Après un duo avec Jean-Eric CHABERT, il joua pour la première fois seul face au public. Ce fut une véritable Ovation qui accompagna sa performance. Lionel R. lui proposa alors d'enseigner son style dans le Folk Center. Mais la musique étant un art assez aléatoire côté financier, les parents de Marcel l'obligèrent à passer un diplôme de Kiné. Assez médiocre en solfège, il s'ingénia à réinventer le système des tablatures, jusqu'à ce jour de 1971 où Robert GRETSH lui assena froidement que ce système existait depuis des siècles et s'utilisait largement dans la presse spécialisée américaine. Marcel ce mit donc en quête de ces précieux ouvrages qui avaient en outre l'avantage de donner bonne place à ses maîtres ATKINS et TRAVIS . Avec la rencontre des frères CHARNOZ et l'importation d'instruments (et de matériels associés) , Marcel émigra doucement vers le FOLK CENTER de Quincampoix. Rapidement, le succès de l'enseignement de DADI le confronte à des problèmes de disponibilité. Il décide alors de publier sa méthode. Début 1972, Marcel contacte Jacques VASSAL spécialiste du monde folk au magasin "Rock&Folk". Ensemble ils vont convaincre KOECHLIN et PARIGAUX de consacrer des pages pédagogiques dans leur revue en utilisant la méthode mise au point par Marcel. C'est en mars 1972, que pour la première fois dans le monde un enseignement individuel de la guitare sous forme de tablature, et suivant une méthode rigoureuse, paraît dans un magasin de rock. On sait que l'idée en a été largement reprise depuis, et pas seulement en France. C'est également à cette époque que Marcel se voit proposer l'enregistrement d'un disque qui sortira en janvier 1973 sous le titre " La Guitare à Dadi ". C'est le début d'un autre succès. Et d'une autre histoire... |