Jerry Reed

La première fois que le nom de Jerry Reed était sur toutes les lèvres, était dans les années 70. C'était l'année où il versa dans les disques pop et country avec Amos Moses. Il y eut plusieurs apparitions télé, plusieurs articles dans les magasines, et on s'aperçut que, non seulement, il était l'auteur des succès d'Elvis Presley "Guitar Man" et "US Male", mais encore qu'il jouait de la guitare dans ces titres.

 

L'été suivant, "When you're hot, you're hot" passait sur toutes les radios country et pop. Glen Campbell programma Jerry dans son show télévisé, et, quand Glen Campbell partit en vacances d'été, Jerry le remplaça avec le "Jerry Reed, When you're hot, you're hot Hour".  Si quelqu'un était chaud cet été là, c'était bien Jerry Reed.

Jerry n'eut pas ce qu'on peut appeler un succès immédiat. Il enregistra depuis 1954, sans grande fortune. Il lui fallut des années avant de développer la personnalité qui émergea dans ses disques. En partie Jerry Reed, en partie "ajouté", il était le "good old boy" au moment où le "good old boy" était passé de mode. Il avançait dans une compagnie financière et reculait avec son ex-femme. Plus d'argent, plus de pétrole. Il ne pouvait gagner pour perdre. Par ailleurs, il ne pouvait pas s'intéresser à ce à quoi le reste du monde s'intéressait. Pourquoi l'aurait-il fait? L'eau passait sous les ponts et un coup de poker se produisit.

 

Plus tard, Jerry développa la même personnalité dans les films de cinéma. Il raconta aux magasines de cinéma qu'il était l'homme le plus chanceux de la Terre, parce qu'il était payé pour jouer, ce qui n'était pas tout à fait vrai. Il y a un côté plus calme, plus méditatif chez Jerry Reed. On le ressent au travers de ses ballades et dans les années passées à étudier la guitare. Vous ne devenez pas aussi bon simplement en le souhaitant. Jerry pratiquait beaucoup : jusqu'à seize et dix-huit heures par jour, pendant des années. Quand les interviewers venait le trouver, il s'attendait à voir un type branché, une somme du guitariste Will Rogers, une bête de direct, débordant d'humour naturel. Au lieu de cela, ils trouvaient souvent un gars introverti, qui n'allait pas aux premières de ces films, sauf si c'était inscrit dans son contrat, et ne se rendait pas aux soirées country de Nashville. Quand il ne travaille pas, il pêche à la ligne ou passe du temps avec sa famille.

 

Jerry a été découvert par Bill Lowery, un des promoteurs et agitateurs dans le monde de la musique à Atlanta. En 1954, Lowery, qui travaillait au "Uncle Eb Brown", conduisait un show radio sur la station radio Georgia State RTech. WGST. Un autre chanteur local lui parla de Jerry Reed, et Jerry vint chnater une chanson de sa composition appelée "Aunt Meg's Wooden Leg". Lowery obtint pour Jerry un spot dans un showavec Tommy Collins et Faron Young, deux artistes signés chez Capitol Records. Le directeur artistique de Capitol R., Ken Nelson, était dans la salle ce soir là. "Je n'est jamais vu autant de présence scénique chez un garçon aussi jeune", raconta-t-il plus tard. Lowery demanda à Ken Nelson s'il était intéressé de signer Jerry et Ken répondit : "tu parles!"

Jerry fut conduit à Nashville, pour la convention annuelle des Deejays et Nelson enregistra Jerry là-bas. Ils essayèrent de la country music -en fait, Johnny Cash couvrit le premier single de Jerry, "If the Good Lord Willing And The Creeks Don't Rise", dans le premier album. Plus tard, il sessayèrent le Rock'n Roll. Rien ne vint. Dans l'interview la plus ancienne de Jeryy, en 1955, il parlait de faire di théâtre ou du cinéma, et ne se donnait pas de limites. Quatre années, dix singles et aucun hit plus tard, Jerry fut congédié par Capitol. Il partit à l'armée pour deux dures années et, quand il fut là-bas, il écrivit une lettre à Brenda Lee, "That's All You Gotta Do", qui constitua .. de "I'm Sorry". 

 

Après qu'il quittait l'armée, il écrivit trois singles pour les disques NCR Bill Lowery, et Colombia Records à Nashville le signaen 1960. Il eut quelques pop hits éphémères en 1962, "Good Night Iren" et "Hully Gully Guitar", mais la fois où il toucha le sommet fut quand Porter Wagner amena sa chanson "Misery Loves Company" en tête des titres country.

Nashville devenait l'endroit où il fallait être. Jerry pouvait lancer ses chansons et la scène s'ouvrait à lui. Un de ces copains d'Atlanta, Ray Stevens, travaillait déjà dans beaucoup de sessions là-bas, et demanda à Jerry de venir et de tenter le coup. Jerry Kennedy des disques Mercury, aima ce qu'il entendit et promit du travail. Ainsi en 1962, Jerry et sa femme, Priscilla mItchell déménagèrent. Priscilla chanta comme choriste d'arrière-plan pendant un moment, et Jery Kennedy la signa chez Mercury. Elle obtint un premier hit en 1965 -six ans avant Jerry Reed- en due avec Roy Drusky sur "Yes, Mr Peters". Pour Jerry, les premières années qui suivirent son installation à Nashville, ne comportèrent que des sessions d'enregistrement, des sessions et encore des sessions. Il tenait la guitare solo dans la plupart des enregistrements de Bobby Bare, comprenant "Detroit City" et "Four Strong Winds".

 

En 1964, avec, dans le dos, une carrière de guitariste solo, Jerry demanda à quitter Colombia pour rejoindre son héros, Chet Atkins, alors directeur artistique chez RCA à Nashville. Chet avait déjà enregistré une des productions de Jerry, "Scarecrow", au début de 1962, et avait exporé ensemble les mystères du style fingerèstyle. Jerry raconta souvent l'histoire de la première fois où il joua dans le bureau devant Chet Atkins. Il lui fallut quinze minutes pour être au point, ses mains tremblant trop, et pourtant, Chet n'est pas une personne intimidante. Chet ne le signa pas en tant qu'un énième picker. Il pensa qu'il pouvait produire des hits avec lui. Pëndant les deux premières années chez RCA, Jerry sortit des disques de country qui "sonnait" comme n'importe quel autre disque de country. Alors, comme in le raconte lui-même, "Un jour, Chet me dit : Tu devrais arrêter d'enregistrer de cette façon, parce que ce n'est pas dans ton feeling. Ce n'est pas ta façon d'être. ta façon d'être, c'est ta façon d'être quand tu prends ta guitare dans mon bureau et que tu joue tes plans et chantes tes chansons".

En 1966, "Guitar Man", le premier vrai single réalisé par le vrai Jerry Reed, tel qu'n lui-même, monta à la 53ème place dans les disques de country. A partir de là, ses titres connurent un succès de plus en plus vif, jusqu'à "Amos Moses", en tête en pop et en country en 1970. C'est alors que chacun reconnut un succès "fulgurant" à Jerry Reed. Cela lui avait prit seulement seize ans.

Lentement, en finit avec les sessions de studio. le dernier artiste pour lequel il travailla fut Elvis Presley. Sur l'insistance d'Elvis, Jerry fut tiré d'une partie de pêche pour jouer de la guitare sur "Guitar Man". Après cela, Elvis lui "emprunta" "U.S. Male". Plus tard, bien après que Jerry était ue star à part entière, il revint pour prêter son jeu de guitare sur deux autres titres d'Elvis "A Thing Called Love" et "Take ABout The Good Time". Alors, après la mort d'Elvis, le producteur Felton Jarvis, reprit Jerry en studio pour qu'il refasse sa partie solo dans "Guitar Man". L'idée était pour Jerry de doubler un duo vocal ce qui semblait criminel aux yeux des hommes d'affaires. La nouvelle version se plaça au top 30. Elvis durait encore.

 

Toutes ces années passées sur le côté à observer, donna à Jerry Reed une bonne notion de ce qu'il faut pour faire un tube. C'est alors que son heure arriva. Dans les bonnes années qui suivirent, ses enregistrements furent aussi bons que ceux de n'importe qui. Parfois, ses chansons contenait une pointe de critique sociale - pas assez pour renverser le monde, mais assez pour être joué. Certaines devinrent des sketches qui furent enregistrés dans les mains de quelqu'un d'autre, mais pas celles de Jerry. 

 

Il savait y faire. Il ne se pointerait pas avec un country blues de plus. Parfois il dut plonger dans les racines du rock n' roll des années cinquante, parfois il surprit tout le monde avec une ballade du style "(I love You) what can I say", qui avait la vertu de montrer l'incapacité des hommes à exprimer quoique ce soit en dehors du sport.

Jerry se conforta dans l'instrumental sur la plupart des albums et sur certains 33 tours. En 1970, il gamma un Grammy pour "Me and Jerry", le premier album duo avec Chet Atkins. Chet et Jerry était un peu comme un père et son fils. Dans une certaine mesure, toute personne qui jouait de la guitare country en finger-style devait passer devant Chet Atkins, mais, bien qu'il admirait Chet, Jerry cherchait quelques chose de différent.

Son style était basé sur des riffs, comme sur les vieux disques de Ray Charles. "Il y a des choses que j'ai découvertes par hasard, à force de creuser et de défricher" raconte Jerry. Au travers de ces années, plusieurs de ses compositions comportent l'empreinte d'autres pickers, mais "The Claw" est l'une des pièces que les guitaristes étudient à cause de la manière dont Jerry intègre le rythme et le chant principal. Un autre protégé de Chet, Lenny Brau, le réécrivit en mode mineur. Plus tard, avec la même capacité d'intégration qui fit de lui l'un des meilleurs guitaristes de finger style, Jerry a appris seul les solos de guitare avec le même bonheur.

Pour la plupart de ses fans, Jerry jouant de la guitare était la cerise sur le gâteau. Ils l'identifiaient comme le bon gros malin, et c'est pour cela que les producteurs de W.W. And The Dixie Dance Kings voulurent qu'il vienne à Nashville pour l'auditionner. Jerry avait affiné son style et n'avait aucun problème pour le transposer à l'écran. Lui et Burt Reynolds provoquaient une espèce d'alchimie à l'écran. C'est pourquoi les producteurs renouvelèrent le tandem dans "Gator". Puis vint "Smokey and the Bandits", le 11ème plus grand succès d'Hollywood en 77 et le second plus grand succès juste derrière "Star War". Inutile de chercher lequel des deux étaient le moins cher pour la production. On demande souvent à Jerry d'où lui venait cette facilité de se glisser dans le film. "J'ai tendance à croire que les choses arrivent parce qu'elles doivent arriver", dit-il au journaliste Bob Allen, ajoutant avec sagesse : "vous pouvez être aussi bon que la meilleure part de vous-même que vous souhaitez montrer".

Après une accalmie dans la production de disques, Jerry renoua avec le succès en 1982 avec "She got the Goldmie (I Got the Shaft)". La chanson fut écrite par Tim Dubois, l'une des têtes de la division des disques Arista à Nashville, responsable de la signature de Brooks & Dunn et Alan Jackson. Le titre se serait vendu seul, mais Dubois donna à la chanson le meilleur vocal qu'eut à chanter Jerry. Il fut suivi par "The Bird", une des surprenantes nouveautés de Jerry, ce qui lui donna la chance d'interpréter de façon convaincante les compositions de Willie Nelson et Georges Jones.

 

En 1984, après vingt dans le même label, Jerry faussa compagnie à RCA.  Il se fit plus discret ces quinze dernières années mais il continue de parcourir les routes pour participer à des événements musicaux qui lui tiennent à cour. Il a toujours dit qu'il écoutait peu la radio, ce qui est sans doute vrai. Et, s'il regarde en diagonale les nouvelles, il sera pardonné pour penser qu'un chanteur de country aujourd'hui ressemble à un autre chanteur de country. Voilà ce qu'on ne pourra jamais dire à son sujet. Il connut un long apprentissage, mais quand il fut prêt, il ne ressemblait à aucun autre : il était Jerry Reed Hubbard.

Colin Escott (traduction Thibault Cazeneuve)

 

Discographie de Jerry Reed

1980 Jerry Reed Sings Jim Croce AH L1 -3604
1980 Texas Bound And Flyin' AH L1 -3771
1981 Dixie Dreams AH L1 -4021
1982 The Man With The Golden Thumb AH L1 -4315
1982 The Bird AHL1 -4529
1983 Jerry Reed AH L1 -4692
1984 Greatest Hits AHL1 -5176
1985 Jerry Reed AHL1 -5472

CAPITOL ALBUMS
1985 What Comes Around ST 12444
1986 Lookin'At You ST 12492

SOUNDTRACK ALBUMS
1975 W W And The Dixie Dancekings 20th Century ST-1 03
1976 Gator United Artists
1977 Smokey And The Bandit MCA
1977 High Rollin'(45 rpm single) from the movie High Balfin'RCA

MISCELLANEOUS
1974 Boogie Woogie Rock And Roll/in Between (45 rpm single) RCA 1974 Chet Atkins Picks On Jerry Reed (album of Reed instrumentals played by Chet) RCA APL1 -0545 1975 In Concert (live TV special, 2 LPs, various artists) features three vocals by Jerry, and 2 guitar duets with Chet. RCA CPL2-1014 1976 The Best of Chet and Friends (1 cut, "Twitchy", duet with Chet) RCA APL1 -1985

AVAILABLE ON COMPACT DISC
1992 The Best Of Jerry Reed (reissue of LSP 4707) RCA CD54109
1992 East Bound And Down (reissue of APL1 -2516) RCA CD58450
1992 Sneakin' Around (with Chet Atkins) Columbia CD47873
1992 Chet Atkins: The RCA Years (2 CD boxed set) contains 2 cuts with Jerry, "Jerry's
Breakdown" and "Good Stuff."

Note: Par ailleurs, Chet Atkins a enregistré beaucoup de compositions de Jerry Reed au cours des années, à commencer par "Down Home" et "Scare Crow" issus de l'album "Our Man In Nashville" (1963 RCA LPM/LSP 2616). Malheureusement le disque original est épuisé, certains ùorceaux sont ressorti dans diverses compilations  CD.

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